Poterie : la première cuisson au bois

Poterie : la première cuisson au bois

Dans mon article précédent je vous racontais la construction du four à bois. Aujourd’hui c’est la première cuisson de ce four que je souhaite partager avec vous.

Et finalement, plutôt que de simplement vous raconter, je me suis dit que ce serait plus sympa de vous montrer 🙂

Donc soyez indulgents avec la pauvre qualité de la vidéo, je ne suis pas Spielberg et je n’ai pas son matos non plus, donc voilà, heure par heure, la première cuisson de notre four improvisé, et un petit résumé en photo de la construction :

Mais ne vous inquiétez pas, je ne vais pas vous laisser comme ça. Je vais vous raconter ça un peu plus en détails quand même !

Bon déjà ce qu’il faut savoir c’est que j’étais très très stressée le matin de la cuisson. je ne sais pas si ça transparaît dans la vidéo, mais je peux vous assurer que je n’en menais pas large !

Le feu est un élément que je n’ai pas l’habitude de maîtriser, et qui, en fait, me fait assez peur, j’ai une vraie phobie des incendies depuis toute petite. Du coup je peux vous assurer qu’on a mis le paquet niveau sécurité : j’ai mouillé toute la terre autour du four, j’ai préparé le tuyau d’arrosage à proximité, l’extincteur et un seau d’eau.

Et je craignais aussi tout bêtement de ne simplement pas réussir à allumer le feu ! Des fois je galère quand il s’agit d’allumer mon poêle à bois, alors un feu en extérieur ça me paraissait encore plus compliqué !

Au final l’allumage s’est très bien passé, le feu a pris tout de suite, et on n’a pas brûlé autant de combustible que ce que je craignais. Ça ne nous a pratiquement rien coûté en bois car j’ai utilisé principalement les branches de ma haie que j’ai taillé pendant le confinement, donc hyper économique ( et d’autant plus que j’ai taillé uniquement avec des outils à main, donc aucun coût en terme d’énergie, à part la mienne ! lol).

Avant l’allumage, j’ai pris le temps, comme je l’ai mentionné dans la vidéo, de faire un don aux esprits de la nature. Ça peut peut-être paraître un peu ridicule ou superstitieux à certains, mais c’est une tradition encore très répandue dans beaucoup de sociétés qui pratiquent les cuissons primitives d’une part, et d’autre part, je ne vis pas dans l’illusion que l’homme maîtrise les éléments. La nature est bien plus puissante que nous et j’avais pleinement conscience que je n’aurais aucune prise sur le résultat final et sur la façon dont le feu, la terre et les pierres allaient interagir dans cette cuisson.

J’ai donc offert un bol de thé aux esprits de la nature (que je leur ai servi dans un des bols que j’avais façonné pendant mon stage de tournage) puis par la suite quelques lampées de bières (parce qu’on a pris l’apéro, et que c’était l’occasion !), histoire de m’assurer leur soutien, surtout pour éviter les accidents, et aussi pour réussir à atteindre les températures souhaitées.

J’ai envie de penser que ce don a fonctionné pour plusieurs raisons : déjà, malgré les briques réfractaires qui ont toutes fissurées pendant la cuisson (elles avaient pris l’humidité trop longtemps, donc n’ont pas supporté le choc), et les grilles en fonte qui ont cassé, le four a tenu jusqu’à la fin ! Et vu l’état des matériaux au démontage, je pense que sur ce coup là on a été aidés !

Et d’autre part, je craignais énormément de gêner mes voisins avec de la fumée noire ou des odeurs fortes, et il s’avère qu’on a eu une magnifique combustion, avec de belles flammes oranges tout du long, pratiquement aucune fumée ni odeur ! La cuisson était parfaitement indétectable depuis la rue, donc merci les esprits du feu !

Pascale, la potière qui m’a enseigné le tournage (vous pouvez retrouver son site ici !) et mon ami Louis, qui avait suivi le cours de poterie de Pascale avec moi, m’ont fait le plaisir de venir à cette première cuisson. Leur présence et celle de mon conjoint m’ont beaucoup aidé à gérer mon stress. J’avais la sensation de ne pas savoir du tout ce que je faisais et leurs conseils tout au long de la journée m’ont été très précieux.

Et, ce stress m’a fait complètement oublier de filmer l’allumage du four, c’est ce qui manque le plus à la vidéo je trouve.

J’étais très déçue en fin de journée de n’avoir pas réussi, en tout cas selon l’affichage du pyromètre, à atteindre les 950°C nécessaires à la cuisson de mes faïences, et ça je pense que ça s’entend à ma voix sur la vidéo !

Mais visiblement, on a du les atteindre quand même au fond du four puisque les poteries les plus proches de la cheminée ont bel et bien cuit ! On a eu un débat après coup avec mon conjoint sur l’emplacement qui aurait été le meilleur pour la sonde du pyromètre. Je l’avais placé à l’avant du four, justement car je savais que ce serait l’endroit le moins chaud, en me disant naïvement qu’il valait mieux que les poteries chauffent trop que pas assez. Ce qui n’est d’ailleurs pas arrivé, car a priori, si certaines avaient eu trop chaud je pense qu’elles auraient fondu (si un potier expérimenté en cuisson au bois passe dans le coin, je veux bien son avis sur la question !).

Mais mon conjoint m’a soutenu qu’avec une sonde au plus proche de l’endroit le plus chaud, j’aurais pu mieux suivre les variations violentes de température, qui sont, je pense, responsables de la casse de la plupart des poteries, et il a sans doute raison.

Au final, en dépit du stress et de la déception, on a passé une super journée, et je n’ai qu’une seule hâte : recommencer !! D’autant plus que la déception n’a pas duré puisque le défournement du lendemain a permis de se rendre compte que la cuisson avait quand même fonctionné.

Je m’attendais à la casse ayant façonné la plupart des pièces avec des terres qui ne sont pas prévues pour les cuissons primitives : les faïences rouges et blanches de chez Cultura en l’occurrence, que j’avais acheté avant de savoir que toutes les terres ne supportaient pas ce genre de cuisson.

Dommage que cette pièce soit fendue car le dessin des flammes est magnifique !

Par contre la grande surprise a été de voir que la seule pièce que je m’étais amusée à polir après son façonnage avait tenue le coup ! Du coup, mes prochaines pièces seront polies c’est certain !

Par ailleurs, aucun gâchis : toutes les pièces cassées et fissurées vont être recycléesen chamotte ! Ce qu’on appelle la chamotte ce sont des grains, plus ou moins gros, d’argile cuite que l’on incorpore dans une terre (la même si possible !) pour la rendre plus résistante. Je vais donc réduire en poudre toutes ces pièces cassées pour rendre plus solide ce qui me reste de faïence lisse afin de voir si cela aide mes prochaines pièces à mieux tenir une cuisson en bois.

Dans la mesure où tous les matériaux de construction que j’ai utilisé pour ce premier four ont cassé (exceptée la plaque en fonte), il va falloir que je m’y prenne autrement pour la prochaine cuisson.

Au démontage j’ai pu constater très clairement que les cendres ont gardé la chaleur vraiment très longtemps, j’ai donc envie de tester une cuisson en meule. C’est-à-dire une cuisson où je mettrais les poteries au fond du trou, avant de les recouvrir de combustibles. Comme ça, les poteries bénéficieront de la chaleur des cendres, et même si je n’arrive pas à atteindre les 1000°C, elles pourront rester au chaud plus longtemps. je ne sais pas si cela suffira, mais ce sera un autre test ! En revanche, avec ce type de cuisson, je ne sais pas trop comment installer la sonde du pyromètre pour avoir quand même un œil sur l’évolution de la température, sans risquer de cramer le fil de la sonde. Je suis preneuse d’idées si vous en avez ! 🙂

En tous les cas, cette première cuisson aura été une superbe expérience, que je suis pressée de renouveler ! Y’a plus qu’à retourner façonner de nouvelles pièces à cuire !

A suivre 😉

Poterie : la construction du four

Poterie : la construction du four

Comme je l’avais mentionné dans cet article, je me suis mise à apprendre la poterie juste après le confinement.

Et qui dit poterie, dit cuisson. N’ayant absolument pas le budget pour acheter un four de potier, même d’occasion, je me suis mise en tête de construire mon four à bois dans mon jardin.

Au fil de mes lectures et visionnages de vidéos sur le sujet, ma vision de ce four a évolué.
J’étais au début partie sur un simple trou au fond duquel je répartirais de la sciure avant d’y déposer les poteries, puis de lancer le feu par dessus (si je ne m’abuse cela s’appelle une cuisson en meule). C’est la version la plus primitive de four de potier car pratiquée au néolithique.

Puis, ayant pas mal de pierres inutilisées dans mon jardin, ainsi qu’une plaque de tôle, j’ai eu envie de construire un « vrai four ». Je craignais de ne pas réussir à atteindre les 950° à 1000° nécessaires à la cuisson de mes faïences avec une cuisson en meule (ce qui est possiblement une fausse croyance de ma part).

Je me suis donc lancée dans le creusage (ça se dit creusage ?) d’un trou assez imposant dans mon jardin. Pourquoi un trou ? Et bien pour utiliser moins de pierres ! J’ai besoin de 3 « étages » : un en bas pour récolter les cendres, un au milieu pour le foyer, un en haut pour y placer les poteries. Sans trou, cela nécessiterait beaucoup de pierres pour avoir la hauteur suffisante. Et pourquoi vouloir récupérer les cendres me direz-vous ? Et bien parce qu’on peut en faire de l’émail pardi ! A priori cela fonctionne uniquement pour le grès mais je compte bien tenter de m’attaquer au grès et à ses 1250° de cuisson par la suite !

Le trou : environ 60 cm de large, 50 cm de profondeur et 1m20 de long

L’autre avantage du trou étant que cela me permet de tester ma terre pour voir si elle est argileuse. Du coup, creuser le trou m’a pris beaucoup de temps car j’ai récupéré toute la terre que j’ai extraite, afin de la tamiser puis de la faire tremper, puis sécher, afin de voir si elle était utilisable, soit en poterie, soit simplement pour en faire un enduit pour solidifier les parois en pierres du four.

Récupération de la terre
Tamisage de la terre récupérée
La terre récupérée et tamisée
L’eau est versée dans la terre tamisée
La terre mouillée est mise à reposer quelques jours
Je dispose un drap dans la brouette afin d’ y verser la terre mouillée après repos
On verse la terre dans le drap
Puis on referme le drap le temps que l’eau s’évapore
Après quelques heures au soleil
Puis quelques jours
La terre une fois séchée
Visiblement pas franchement argileuse
Mais on arrive quand même à en faire un petit boudin
Du coup je tente quand même le façonnage d’un petit pot primitif
Après séchage au soleil on voit que c’est très sableux, mais on va quand même tenter de le faire cuire avec les autres pièces 🙂

Mais revenons à la construction du four !

Au fond de ce trou j’ai placé des pierres sur les bords puis des carreaux de carrelage histoire de tenter de récupérer les cendres de la combustion, afin de les réutiliser éventuellement pour fabriquer un émail. L’ennui des pierres que j’ai c’est que n’étant pas droites, j’ai du mal à les aligner proprement (sachant qu’en plus, mon trou lui-même n’est pas très droit !).

Les pierres au fond du trou
Pose du carrelage

Au-dessus de mes 2 rangées de pierre, je cale ma première grille en fonte qui servira de support au foyer.

1e grille en fonte

Deux nouvelles rangées de pierres, puis ma 2e grille en fonte qui servira de support aux poteries cette fois-ci.

Nouvelle rangée de pierres
2e grille en fonte
Nouvelle rangée de pierres
Des grosses pierres autour pour soutenir le tout

Ensuite je cale ma cheminée, puis ma plaque de fonte afin de fermer le dessus du four.

La cheminée
Le chapeau de la cheminée est installé
la plaque en fonte, je peux vous dire qu’on a galéré, elle est foutrement lourde !

Enfin, je prévois une « porte » afin de fermer l’accès aux poteries, grâce à une bordure en ciment.

Le petite bordure en ciment pour fermer l’accès aux poteries

A ce stade là je suis assez contente de mon truc, même si c’est franchement de travers, je me dis que pour un test uniquement en matériaux de récup, et pour une nana qui n’a jamais fait de construction, c’est plutôt pas mal.

Puis, le commentaire d’un ancien collègue sur ma publication Facebook, me met le doute. Est-ce que ces pierres vont vraiment tenir la chaleur ? Mon conjoint se renseigne, ces pierres sont en granit, et le granit se fissure à 573° et fond à partir de 900°.

Oups ! je compte tenter d’atteindre les 950° minimum du coup c’est pas franchement le bon plan…

Bon bah on défait tout et on recommence ! Mon conjoint nous déniche des briques réfractaires (en tout cas vendues comme telles) sur Le Bon Coin, et on recommence le montage depuis le début. Cette fois-ci les briques sont rectangulaires donc beaucoup plus facile d’obtenir un résultat bien droit.

Un peu de sable au fond pour faire le niveau, puis la rangée de briques
Le carrelage
La 1e grille en fonte
Nouvelle rangée de briques
La plaque de fonte
Des briques pour le support de cheminée
Et le four fini !

Celui-ci a déjà bien plus fière allure, et on est assez fiers de notre truc.

Vous voulez savoir si la cuisson a marché ? Vous aurez la suite très vite, promis !

Je me mets à la poterie !

Je me mets à la poterie !

Le confinement a été pour moi l’occasion de voir réemerger un projet qui m’attire depuis tellement longtemps : la poterie. C’est drôle comme, quand on a l’occasion de mettre son quotidien habituel entre parenthèses, certaines choses remontent sans qu’on l’ai vu venir.

Du coup, à peine déconfinée, je me suis inscrite avec un ami à un cours de poterie près de chez moi. J’ai pris 10h de cours comprenant 6h de tournage, 2h de tournassage et 2h d’émaillage, histoire d’avoir une initiation à toutes les étapes de la fabrication de céramiques, la potière prenant en charge les cuissons de nos pièces.

Bien sûr, je ne résiste pas à l’envie de vous montrer le résultat.

Alors on va commencer par mes pièces, hum… disons « artistiques » (comprenez foirées) :

La première, mon bol tordu 🙂

La seconde, le cendrier (qui était censé être un bol initialement, 🙂 )

Bon, celles-là c’était juste pour le fun. Mais les suivantes, j’en suis assez fière pour une première fois sur un tour de potier, car croyez-moi, c’est loin d’être facile !

Le petit bol :

Le bol moyen :

Le grand bol :

La soucoupe :

Et en bonus, la soucoupe avec le petit bol, les 2 vont parfaitement ensemble !

Alors, vous aurez constaté qu’ils sont tous émaillés en noir. Seulement 2h pour l’émaillage, ça passe très vite et nous n’avions pas le temps de tester différentes couleurs. Du coup, j’ai choisi ma couleur préférée (et là les puristes vont me répondre que le noir n’est pas une couleur… 🙂 ). A la lumière, certaines coulures de l’émail paraissent bleues, j’adore !

Le but est bien évidemment de ne pas m’en tenir là (j’ai tellement aimé ça !), et de pratiquer à la maison. Alors bien sûr, se pose un problème majeur : le prix des appareils nécessaires, à savoir le tour et le four.

Du coup, on reste minimaliste dans l’âme et on trouve des solutions DIY pour pratiquer, même quand on a pas de sous ! Mon homme m’a fabriqué ce magnifique kerokuro (tour traditionnel japonais), uniquement avec de la récup et des trucs qu’il avait sous la main. 🙂

Il manque d’inertie, donc il faut sans cesse le lancer avec le pied, mais pour débuter, ça ira bien.

Au départ j’ai testé l’argile auto-durcissante pour tenter d’esquiver l’étape de la cuisson, mais cette matière s’avère beaucoup plus difficile et moins agréable à travailler, au final ce sont mes fils qui ont joué avec, comme de la pâte à modeler. Comme en plus c’est beaucoup plus cher que l’argile, je vous le déconseille.

Les poteries se cuisent entre 950 et 1300 degrés selon le type de terre (faience, grès ou porcelaine), donc le four de cuisine, le barbecue ou le poêle à bois on oublie ! Mon projet pour cet été, c’est donc de creuser un four à bois dans mon jardin !

Je vous mettrai toutes les étapes de la construction du four dans un prochain article et je vous montrerai les pièces que j’ai commencé à tourner et modeler.